Valérie Létard a été nommée ministre du Logement et de la Rénovation urbaine au sein du gouvernement dirigé par Michel Barnier. Les enjeux de l'immobilier.
Le samedi 21 septembre, Valérie Létard a été nommée ministre du Logement et de la Rénovation urbaine au sein du gouvernement dirigé par Michel Barnier. Elle succède à Guillaume Kasbarian, ancien ministre délégué, qui devient désormais ministre de la Fonction publique. Le retour d’une ministre de plein exercice pour le logement montre l'importance croissante de ce secteur, en proie à de nombreuses difficultés. La pénurie de logements, la crise de la construction et les défis de la rénovation énergétique sont autant de chantiers qui attendent Valérie Létard. Mais c’est particulièrement sur le logement social que les attentes sont les plus fortes. Face à un secteur en crise, que peut-on attendre de cette experte du logement et quelle feuille de route va-t-elle suivre ? Quel avenir pour l’immobilier ?
Qui est Valérie Létard ?
Valérie Létard est une figure politique bien ancrée dans la vie publique française. Née à Orchies, dans le Nord, elle a fait ses armes politiques en tant qu'assistante sociale de formation, avant de gravir les échelons du pouvoir. Fille de Francis Decourrière, ancien député européen et président du Valenciennes FC, elle est entrée en politique en 2001, devenant sénatrice du Nord jusqu’en 2023. Sa carrière ministérielle débute sous la présidence de Nicolas Sarkozy, lorsqu'elle devient secrétaire d’État chargée de la Solidarité (2007-2009), puis des Technologies vertes (2009-2010). Elle a ensuite continué à défendre les dossiers liés au logement et à la rénovation urbaine, notamment en siégeant au conseil d’administration de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et à l’Agence nationale pour l'amélioration de l’habitat (ANAH).
Après avoir quitté la vie politique en septembre 2023, elle fait son retour lors des législatives anticipées de juillet 2024. Son élection en tant que députée de la 21e circonscription du Nord avec 51,5 % des voix lui permet de revenir sur le devant de la scène. Cette centriste, proche de Jean-Louis Borloo, se définit comme sociale-libérale et entend « co-construire avec les acteurs du logement des solutions concrètes pour répondre à l’urgence ». En arrivant au ministère, Valérie Létard hérite de nombreux dossiers brûlants, avec en tête le logement social, un domaine où son expertise est particulièrement attendue.
Quel avenir pour l’immobilier en 2024 ? Les grands chantiers à venir
Relancer la construction : une priorité absolue
Le secteur de l’immobilier est en crise, avec une baisse dramatique des mises en chantier. En 2023, les permis de construire ont chuté de 24 % par rapport à l’année précédente, tandis que les mises en chantier ont reculé de 22 %. Ce recul est particulièrement préoccupant dans les zones dites "tendues", où la demande dépasse largement l’offre. Cette situation est aggravée par la pénurie de logements sociaux, avec 2,7 millions de ménages en attente d’un HLM, un record historique.
Pour répondre à cette urgence, Valérie Létard devra se pencher sur plusieurs leviers : soutenir la construction de logements neufs, réformer les dispositifs fiscaux comme la loi Pinel et faciliter l'accès des primo-accédants à la propriété via des outils comme le prêt à taux zéro (PTZ).
L’immobilier: L'amélioration de l'accès au logement social : une urgence nationale
Le logement social est au cœur des préoccupations des acteurs du secteur et des millions de Français qui attendent une solution durable. En 2024, le nombre de ménages en attente d’un HLM a atteint 2,7 millions, un chiffre en constante augmentation. Pourtant, d’après un article de Libération, seuls 82 200 logements sociaux ont été agréés en 2023, bien loin des 124 200 de 2016. Cette situation de tension est exacerbée par la réforme de la loi SRU, initiée sous le gouvernement de Guillaume Kasbarian. Ce projet, qui visait à assouplir les obligations des communes en matière de construction de logements sociaux, a été stoppé net par la dissolution de l’Assemblée nationale.
Valérie Létard, forte de son expérience dans ce domaine, est attendue au tournant. Les acteurs du logement social, comme la Confédération nationale du logement (CNL) et l'Union sociale pour l'habitat (USH), espèrent qu’elle saura relancer le dialogue, après une période de blocage sous Kasbarian. La présidente de l’USH, Emmanuelle Cosse, a salué l’arrivée de Létard, la qualifiant de « véritable experte des questions de logement social et de rénovation urbaine ». Pour répondre à la demande croissante, la ministre devra faciliter la construction de logements sociaux, tout en soutenant les collectivités locales et les bailleurs sociaux.
Un pragmatisme indispensable pour la transition énergétique des logements
Autre défi majeur pour Valérie Létard : la rénovation énergétique des bâtiments. En 2024, les « passoires énergétiques », ces logements mal isolés, représentent toujours un problème majeur. La loi Climat et Résilience impose des objectifs stricts, avec l’interdiction de louer des logements classés G dès janvier 2025. Cependant, le manque de financement et de solutions accessibles pour les propriétaires freine les rénovations. Valérie Létard devra trouver un équilibre entre l’ambition climatique de la France et la réalité du marché immobilier. Elle pourrait, par exemple, renforcer les dispositifs existants comme MaPrimeRénov’ pour rendre les travaux de rénovation plus accessibles.
Réguler la location touristique pour maintenir l’équilibre des territoires
Dans certaines communes, la prolifération de locations touristiques, via des plateformes comme Airbnb, a réduit l’offre de logements disponibles pour les résidents permanents. Cela crée des tensions, notamment pour les travailleurs essentiels et les familles locales. Valérie Létard pourrait se saisir de cette question en donnant aux municipalités des moyens accrus pour réguler les locations touristiques. Une proposition de loi transpartisane en ce sens avait déjà été envisagée en 2024, et la reprendre pourrait offrir une solution rapide à ces déséquilibres locaux.
Vers une politique d'aménagement du territoire de l’immobilier
Face à l’explosion des prix de l’immobilier dans les grandes métropoles, une des solutions pour désengorger ces zones est de renforcer l’attractivité des villes moyennes. Ces villes, bien connectées et souvent plus abordables, pourraient répondre aux besoins des familles et des actifs en quête de logements accessibles. Pour cela, le gouvernement devra investir dans les infrastructures, les services publics et favoriser l’implantation d’entreprises dans ces territoires. Valérie Létard pourrait jouer un rôle clé dans la mise en œuvre d’une telle politique de rééquilibrage territorial.
Conclusion
Valérie Létard prend les rênes du ministère du Logement dans un contexte de crise : baisse de la construction, pénurie de logements sociaux et besoin urgent de rénover énergétiquement des millions de logements. Son expertise dans le logement social sera essentielle pour répondre à ces défis, notamment pour faire face à l’allongement des listes d’attente pour les HLM. Elle devra également trouver des solutions pour faciliter l'accès à la propriété, encadrer les locations touristiques et encourager le développement des villes moyennes.
Au-delà des enjeux immédiats, il est crucial que Valérie Létard s’inscrive dans la durée. Le secteur du logement a besoin de stabilité pour mener à bien les réformes nécessaires. Les derniers ministres du Logement n'ont pas tenu plus d’un an, laissant le secteur dans l’incertitude. Si Valérie Létard parvient à instaurer une dynamique durable et à prendre des décisions pragmatiques, elle pourrait jouer un rôle clé dans la sortie de cette crise. Les acteurs du secteur attendent avec impatience ses premières décisions, espérant que son expérience et sa détermination permettront d'apporter des réponses à long terme.
Vous êtes un acteur du secteur de l’immobilier ? Contactez-nous pour échanger à propos de vos enjeux en matière de gestion immobilière.