Va t-on sur une guerre immobilière sans fin entre LVMH et Kering qui veulent acquérir les plus beaux quartier de Paris ?
Le marché immobilier parisien devient le champ de bataille entre François-Henri Pinault de Kering et Bernard Arnault de LVMH. Ces derniers mois ont vu les deux titans du luxe s'affronter pour sécuriser des espaces d'exception sur des artères parisiennes emblématiques tels que l'avenue Montaigne, les Champs-Élysées et la rue Saint-Honoré, chacun cherchant à établir son empreinte dans la capitale de la mode.
Une rivalité historique
La rivalité entre Kering et LVMH remonte à des décennies, se manifestant par une compétition acharnée pour les emplacements de prestige destinés à leurs marques de renom. LVMH, sous la houlette de Bernard Arnault, possède un portefeuille incluant Louis Vuitton, Christian Dior, Givenchy, Fendi, Céline, et même l'américain Tiffany & Co. En parallèle, le groupe Kering, dirigé par François Pinault et sa famille, détient des marques telles que Gucci, Saint Laurent, Balenciaga, et d'autres.
Conquérir le triangle d’or parisien : un enjeux de taille
Au cœur de cette rivalité, l'objectif clé de chaque maison de luxe est de sécuriser des emplacements idéalement situés dans le triangle d'or parisien, comprenant les Champs-Élysées, la Place Vendôme et la rue Saint-Honoré. Cette quête va au-delà de la simple localisation, avec chaque groupe cherchant à s'éloigner autant que possible des sièges et boutiques de la marque concurrente, ajoutant une complexité supplémentaire à ce jeu immobilier.
LVMH renforce sa présence
LVMH a intensifié son engagement dans le 8ème arrondissement de Paris, accélérant ses acquisitions. Notamment, la location du 21 rue Jean Goujon fin 2022, un actif stratégique de 8600 m², a marqué un pas significatif malgré un épisode où il avait échappé à LVMH en 2021. Cette acquisition, aux côtés d'autres autour de l'avenue Montaigne, témoigne de la frénésie d'achat des grands groupes, contribuant à la hausse des prix dans la région.
Kering réplique
Face à l'intensité de l'action de LVMH, Kering, bien que solidement ancré sur la rive gauche, a créé la surprise en acquérant l'immeuble de l'ambassade du Canada pour environ 860 millions d'euros. Situé au numéro 35 de l'avenue Montaigne, cet emplacement fait face au 22, abritant la boutique phare de LVMH. La stratégie de Kering comprend également la location de 15 000 m² pour les équipes de Saint Laurent, avec des spéculations sur l'ouverture de deux boutiques au rez-de-chaussée, l'une pour Valentino et l'autre pour Saint Laurent.
L’immobilier commercial boosté par la guerre du luxe
Malgré les difficultés financières qui ont freiné le secteur de l'immobilier commercial ailleurs, Paris se démarque en suivant une trajectoire opposée aux tendances générales. Cette dynamique est en partie alimentée par les acquisitions exceptionnelles des géants du luxe français.
Contrairement aux problèmes rencontrés par l'immobilier commercial en France, le marché parisien demeure remarquablement concurrentiel. Le retour des touristes, notamment américains et asiatiques, combiné à l'approche des Jeux Olympiques 2024, entraîne une augmentation significative des acquisitions d'emplacements pour l'ouverture de nouvelles boutiques, selon une récente étude de BNP Paribas Real Estate.
Le secteur du luxe exerce une influence prépondérante sur la vitalité de l'immobilier commercial à Paris. En tant que ville la plus prisée par les grandes fortunes en 2023, Paris détient également le record du plus grand nombre de boutiques de luxe en Europe, totalisant 165 emplacements (la troisième position mondiale, derrière Tokyo et Séoul). Les grandes entreprises du secteur, attirées par les artères les plus prestigieuses du globe, sont disposées à investir des sommes considérables dans l'immobilier pour renforcer leur emprise.
Cette effervescence dans le secteur du luxe, accentuée par la rivalité immobilière entre des acteurs majeurs tels que LVMH et Kering, propulse l'immobilier commercial à des sommets. Les adresses de renom convoitées par ces géants deviennent des points d'ancrage très prisés, créant une demande soutenue et stimulant ainsi la croissance du marché. Paris, en tant que vitrine mondiale du luxe, voit son paysage commercial être redessiné par cette lutte acharnée, contribuant à l'essor continu de l'immobilier commercial dans la capitale française.
Dernières actualités : Va-t-on sur une guerre immobilière à l’échelle mondiale ?
Dans un contexte où l'immobilier parisien montre des signes de difficultés, la première fortune de France, Bernard Arnault, vient de consacrer 1 milliard d'euros dans un nouvel immeuble de 18 000 m² au 150 avenue des Champs-Élysées, soit 55 000 € du m². Cette acquisition suscite des spéculations sur son objectif précis, que ce soit pour servir d'écrin à Tiffany, abriter le flagship et le siège social de Dior, ou simplement pour défier Kering. Cette démarche souligne l'intensité de la bataille immobilière qui perdure depuis 18 mois, redessinant le panorama de l'immobilier de luxe à Paris. Avec des biens déjà en sa possession, tels que le 101 avenue des Champs-Élysées et le 103/111 qui abritera le premier hôtel Louis Vuitton, LVMH cherche à asseoir sa domination sur l'une des avenues les plus prestigieuses du monde. La rivalité entre les deux géants du luxe continue d'attiser les convoitises pour les adresses parisiennes les plus prestigieuses, créant une dynamique qui transforme non seulement les quartiers huppés, mais aussi l'ensemble du marché immobilier de la capitale française.
Cette guerre immobilière ne se limite pas aux frontières parisiennes. En effet, le groupe Kering, acteur majeur du luxe français, vient de réaliser une acquisition significative outre-Atlantique. Kering a annoncé l'achat d'un immeuble de prestige de 10 700 mètres carrés sur la célèbre 5e Avenue de New York pour la somme colossale de 885 millions d'euros. Situé au 715-717 de l'avenue, à l'angle de la 56e rue, cet édifice accueille des boutiques de luxe sur plusieurs niveaux et se trouve en face de la Trump Tower, où Kering détient une boutique pour sa marque emblématique Gucci depuis 2008. Cette stratégie témoigne de l'approche "immobilière sélective" de Kering, visant à sécuriser des emplacements clés pour ses marques prestigieuses.
Ainsi, la rivalité entre LVMH et Kering ne se cantonne pas à la seule scène parisienne, mais s'étend à des places emblématiques à travers le monde. Les deux groupes de luxe français investissent massivement dans l'immobilier commercial, redéfinissant les contours du marché mondial. Cette bataille immobilière, loin de se limiter à un affrontement local, pourrait bien s'étendre à l'échelle mondiale, marquant une nouvelle ère dans la compétition féroce des grandes maisons de luxe.